top of page

Portrait d'une rebelle : Dorothy Alexandre


Lorsque nous te voyons à la télévision ou que nous t'entendons à la radio, nous pouvons voir une femme qui dégage beaucoup de confiance. Cependant, il fût un temps où tu n'étais pas cette femme remplie de confiance. Comment peux-tu nous expliquer ton passage de la femme d'hier à la femme que nous connaissons aujourd'hui?


J'ai premièrement été bien entourée de femmes. Ces femmes ont contribué à ce que je puisse voir un potentiel en moi. Deuxièmement, je dirais que j'ai frappé tellement de barrières à différents niveaux qu'à un moment donné, j'ai été obligée de faire une introspection. Je me suis dit : Tu sais quoi Dorothy, cette barrière-là qui se ferme, est-ce que je lui donne trop d'importance?


Alors si je commence par la question d'être bien entourée de femmes, je reviens à la période où j'ai terminé mon bac en réadaptation physique à l'université de Concordia. J'étais fière d'avoir un bac, mais ça s'est avéré être comme un gros trou noir pour moi parce que je n'avais aucune idée de ce que j'allais faire dans la vie et c'était encore la période où je n'avais pas confiance en moi. Cette période correspond aux débuts de la jeune Chambre de commerce Haïtienne et la raison pourquoi je mentionne cette époque est que j'étais entourée de beaucoup de personnes en affaires qui avaient reçu la formation pour le monde des affaires. Elles étaient en mesure de mettre un nom sur le programme qu'elles aimeraient faire ou la carrière qu'elles voudraient poursuivre et j'avoue que je n'osais pas trop dire en quoi j'avais étudié, mais je savais que le monde des affaires m'intéressait.


C'est à la même époque que j'ai commencé à vendre des cosmétiques pour une compagnie de vente directe. C'est à ce moment-là que le potentiel que j'avais en moi à commencer à se décupler. À travers cette expérience, de nombreuses femmes m'ont aidée et m'ont formée. J'ai dû apprendre à faire des «cold calls», ce qui consistait à appeler les gens du bottin pour leur offrir des services. J'allais extrêmement souvent dans les centres d'achat pour offrir mes cartes d'affaires. À la fin de ses rencontres-là, oui, il y a des personnes qui sont sorties de ma vie. Oui, il y a des personnes qui m'ont dit non… mais il y a des personnes qui, à partir d'une carte d'affaires, sont devenues des amies et certaines sont devenues des personnes importantes dans ma vie. Tout cela parce que je suis sortie de ma zone de confort.


Dans un deuxième temps, j'ai également appris que la personne qui me dit non, elle dit non à l'opportunité et à partir de ce moment, lorsque je recevais un non, je comprenais que ce n'est pas à moi personnellement qu'on disait non, mais bien à l'opportunité que je partageais. Ma confiance à commencé à grandir puisque je savais que le non n'était pas relié à ma personne.


J'aimerais ajouter que beaucoup de femmes attribuent leur valeur par rapport aux regards des autres et c'est la pire chose à faire… parce qu'aujourd'hui, quelqu'un peut t'avoir en haute estime et pour peu importe la raison, cette personne peut devenir contre toi. La valeur qu'on se donne ne doit dépendre ni du regard des gens, ni des gens qu'on connaît, ni de notre portefeuille, ni de notre carrière, ni des titres qu'on porte. Pour moi, ma confiance est intrinsèquement liée à qui je suis authentiquement. Ma confiance n'est pas liée au fait que je sois présidente du Conseil des Montréalaise, mais c'est parce que j'ai confiance en moi que je suis devenue présidente du Conseil des Montréalaise.


Les femmes et la jeunesse semblent être au centre de tes activités. Quel serait l'héritage que tu aimerais leur laisser ou partager?


Ma mission ou l'héritage que je voudrais leur laisser, ça peut paraître cliché, mais c'est qu'ils peuvent devenir la meilleure version d'eux-mêmes en prenant ancrage dans qui ils ou elles sont. C'est leur permettre de devenir des outils sur des partages de témoignage, d'aller chercher en eux cette authenticité et qu'ils puissent avoir la possibilité de le partager et de faire connaître leur voix. Alors ce que je peux dire est que mon héritage est de permettre à des personnes d'avoir une voix, une voix qui soit pertinente, une voix qui colle à leurs valeurs, la voix qui reflète l'impact qu'ils ou elles veulent avoir.


Quel est le conseil que tu donnerais à ta jeune toi?


Faire confiance et de laisser le temps au temps. Arrêter de stresser pour les choses sur lesquelles on n'a pas de contrôle et se concentrer sur ce qui compte vraiment. Être constamment curieux. Souvent, les parcours atypiques arrivent dans la vie des gens qui sont curieux. Ce sont des gens qui ne se ferment pas la porte et qui se donnent la chance de découvrir, de tomber et de se relever, mais pour tomber et se relever ça n'arrive pas en deux jours. Bref, de laisser le temps au temps, de se faire confiance, de bien s'entourer et surtout, de ne pas avoir peur de tomber et de se relever.


Élue présidente du Conseil des Montréalaises, qu'aimerais-tu accomplir dans ce poste?


Montrer que les visages des féministes sont multiples, ils sont riches et il ne faut pas avoir peur de s'afficher en tant que féministe. Être féministe, c'est quoi? C'est demander l'égalité entre les hommes et les femmes. J'aimerais contribuer à ce que Montréal soit un peu plus égalitaire, surtout pour les personnes qui sont les plus marginalisées. Comme par exemple, les femmes autochtones ou les femmes qui sont en situation d'itinérance… j'aimerais qu'elles puissent sentir que leur place est importante dans la société. Et de rallier le plus de voix possible, des voix qui sont des femmes, des voix qui viennent de tous horizons pour que Montréal soit cette ville égalitaire.

bottom of page